Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/249

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lité de jockey diplomatique à la suite des armées et des ambassades russes, d’associé secrétaire des missions, et de conseiller voyageur. On a cru trouver dans votre lettrre des encouragemens ou des corrections sans amertume, mais indulgentes et magnanimes. Il me semble qu’il n’y a pas grand mal à cela. Je prends la liberté, Madame, de n’être pas de votre avis sur la nation hongroise. Le zèle de Votre Majesté pour nous arrive trop tard ; elle ne nous fera jamais assez de bien pour réparer le mal que nous ont fait l’affreux Reichenbach et les Belges ; ils auroient du être gens de guerre au lieu de gens de loi, sabrer leurs correspondans et venger le Souverain avant de le chicaner. Toutes les nations dégénèrent, excepté celle que Votre Majesté électrise. Qui auroit cru qu’on parlât lumières à Varsovie, où il n’y en a pas, et où l’on voit aussi mal dans les rues que dans les affaires ?

Moi indigne, moi qui ne suis pas prophète dans mon pays, et pas grand sorcier dans les autres, j’ai dit, il y a long-tems, que si l’on n’avoit pas chassé les jésuites, l’on ne verroit pas ce maudit esprit d’indépendance, de chicane, de définition, de sécheresse, se répandre comme un torrent qui renverse ou menace les trônes de toute l’Europe, excepté la Russie.