Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/250

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Je suis bien mécontent des Anglois et des Prussiens. Leurs ministres ne m’ont pas cru : j’ai conseille à tous ceux que j’ai vu d’attaquer Votre Majesté Impériale, parce qu’ils seroient perdus de réputation s’ils ne le faisoient pas ; et je vois, à mon grand regret, qu’elle n’ordonnera pas le même jour à sa flotte de la mer Noire, de bombarder le sérail, à sa flottille de la Baltique de brûler les vaisseaux anglois, et à son armée de terre, de détruire les Potsdamites.

Je voyois déjà Votre Majesté, après avoir mis tranquillement l’adresse à ces trois lettres, faire au billard une triple carambole, puis tourner et retourner trois ou quatre médailles, puis faire une petite scène sur les illuminés, et puis en aller admirer une de Molière.

Je me rends pourtant, comme dit Vanezura ; je conviens de votre ignorance. Madame ; il faudra la paix pour que Votre Majesté se remette même à avoir de l’esprit ; car voilà près de quatre ans qu’elle n’a que de l’ame et du génie. Mon Dieu, qu’il y en a dans la lettre à mon bon Charles ! l’honneur et la valeur, synonymes précieux aux oreilles héroïques, etc. etc. J’ai peur que mon Charles n’en devienne fou. J’ai arrangé son ruban de la même manière que le portoit autrefois le