Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ce 17 mars 1792.

Vienne.


Madame,


VOTRE Majesté n’a rien à faire, son petit ménage est rangé ; et si on l’en avoit cru, celui des autres le seroit aussi. Dans l’oisiveté que lui donne son activité, elle n’est presque pas excusable de m’oublier ainsi.

Je n’ai pas eu l’honneur de connoître les autres Souverains de la Russie, ni d’en être connu. Je conçois bien que leurs affaires les empêcheroient de me répondre si j’avois pris la liberté de leur écrire. L’un seroit occupé de plans de campagne, l’autre de ses finances, un autre de ses quartiers d’hiver, un autre de sa cour, un autre de son intérieur, un autre de ses ministres, un autre de ses chiens, un autre de sa famille, de sa femme et de ses enfans : chacun a ses affaires, mais Votre Majesté qui fait les siennes avec quatre lignes, quatre vaisseaux et quatre bataillons, pourquoi ne m’a-t-elle pas écrit ? aussi j’espère que, pour la première fois de sa belle vie, Votre Majesté Impériale connoîtra le remords. Je suis le seul en état de lui