Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/257

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En 1793.

De Belœil.


M a d a m e,


JE viens de voler à Votre Majesté une vue de Czarskozelo, celle de la colonne de Kagul, à la place de laquelle j’ai mis un obélisque en marbre blanc de la hauteur de quarante-cinq pieds. Sur l’un des côtés est écrit : A mon cher Charles pour Sabatsch et Ismaël ; l’autre est surmonté par la croix de St. Georges et celle de Marie-Thérèse, et sur un autre face, on lit : nec te juvenis memorande silebo, et sur l’autre : sein Muth macht meinen Stolz, seine Freundschaft mein Glück. Son courage fait mon orgueil, son amitié mon bonheur.

Au bout de cette prairie, qui finit par un vallon rétréci et par un bois d’orangers encaissés dans la terre, il y a un temple de marbre en ruines, au-dessus d’une superbe cascade qui tombe nuit et jour. J’ai arrangé, changé, placé moi-même chaque morceau d’architecture sur le terrain, faute de savoir dessiner ; car je n’ai aucun talent, à moins que je ne me permisse de dire, comme Duclos, mon talent à moi c’est l’esprit ; mais qui ose-