Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/273

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qu’il y avoit une ancienne loi russe qui faisoit monter les premiers à l’assaut les gens condamnés à mort, ou les scélérats qui avoient commis quelque crime ? Vous m’avez regardé. Madame ; vous avez réfléchi, et vous n’avez rien dit. Je parie que V. M. désormais ne me rappellera plus ce trait d’érudition sauvage.

Un Souverain dit toujours qu’il aime la vérité. Celle que la Souveraine apprend lui inspire plus de confiance. Elle dit : — L’on craint tant de m’ennuyer, de me déplaire, de ne pas être aussi bien traité dans mon intimité. Il faut certainement que ce soit pour mon bien qu’on ose me parler ainsi. —

Ce qui n’est que fermeté de la part d’une femme, est souvent entêtement de la part d’un homme. Ce qui n’est qu’indulgence, paresse, ou facilité dans l’une, est foiblesse dans l’autre. Que d’accessoires et de petites choses qu’on ne remarque pas, contribuent à des résultats importans ! La belle tunique de velours nacarat brodée que porte V. M. fait plus d’effet que des bottes et une écharpe ; vos cinq gros cailloux de diamans, placés dans les cheveux éblouissent plus qu’un chapeau, toujours ridiculement grand, ou ridiculement petit. Votre belle main électrise depuis la sentinelle qui la baise, jusqu’aux Héraclius et aux Gherai. La