Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/274

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main peut-être sèche et décharnée du grand homme ne me feroit pas éprouver le même enthousiasme, et l’adulateur le plus prompt à la saisir s’y casseroit le nez.

Si un fils de Charles VI avoit présenté son petit archiduc nouveau né aux Hongrois, auroit-il inspiré ce beau mouvement qui fit tirer le sabre pour une jeune, belle et infortunée Princesse de vingt-quatre ans, comme l’étoit notre grande Marie-Thérèse ?

Je le répète encore, V. M. I. auroit eu la tête trop vive si elle avoit été un homme. Dieu sait et fait bien ce qu’il fait. Remerciez-le, Madame, d’être une femme plus qu’une femme et qu’un homme tout ensemble. Remerciez-le dans les soixante langues du Caucase, le Turc de la Crimée, le Persan des environs de la mer Caspienne, le Chinois des environs de la grande muraille, le Grec de vos Grecs, et non celui de votre rit, qui n’est que du Sclavon, l’Allemand des temples de Stettin, le François de l’église Valone, et le latin de l’église Romaine. Que V. M. I. daigne croire celui qui est son parrain, son peintre et son historien tout à la fois, en la nommant Catherine-le-Grand.