Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/275

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PENSÉES DIVERSES.




IL y a des gens qui réfléchissent pour écrire, d’autres qui écrivent pour ne pas réflëchir : ceux-ci ne sont pas si bêtes, mais ceux qui les lisent le sont, à mon avis.

Je suis un peu dans la seconde classe des écrivains dont je viens de parler ; mais, pour justifier mes lecteurs et moi aussi, je dois dire que si j’écris de suite (et pour m’occuper), c’est que je me suis accoutumé à méditer, à observer, à rentrer en moi-même, et qu’à cause de cela j’ai, sans le vouloir, un magasin de pensées dont il faut que je me soulage. J’écris plus d’inspiration que de réflexion. Il y a tout plein de gens à qui je ne dois paroître ni clair, ni agréable, ni profond. Si je l’étois, ce seroit seulement pour les pays et les gens avec qui j’ai le plus vécu, et qui ont appris à peu près les mêmes choses que moi, ayant été élevés de même, et s’étant trouvés à peu près dans les mêmes circonstances. J’ai donc un grand tort, car il ne faut pas seulement s’entendre, mais se faire entendre.