Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si l’on est réellement aimable chez soi, on peut, avec un peu moins de succès quant au local, réussir beaucoup chez les autres. Je n’ai pas bonne opinion de ceux qui ne sont pas aimables dans leur famille : sans parler du mauvais cœur que cela suppose, il faut être bien peu riche pour se montrer si économe d’esprit et de grâce.

On fait bien des chutes avant d’attraper la raison. Elle se sauve parce qu’elle croit valoir la peine qu’on coure après elle. Elle passe par les endroits les plus glissans et veut éprouver ses véritables amans. Celui qui prétend l’avoir acquise tout de suite est un fat.

Enthousiasme et fanatisme. L’un appartient à la grandeur de l’ame, et l’autre à la petitesse de l’esprit : l’un enflamme pour la gloire, et l’autre pour une secte, une façon de penser ou un personnage qui ne le mérite pas. L’un est de bonne foi, et l’autre tient souvent à des causes secondaires. Le premier entraîne, et le second est entraîné. Le premier a pu s’allumer au mot de liberté, avant qu’on en eût examiné