Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/281

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déshonorez. Si l’exercice d’un seul bataillon ne vous transporte pas, si vous ne vous sentez pas la volonté de vous trouver partout, si vous êtes distrait, si vous ne redoutez pas que la pluie n’empêche votre régiment de manœuvrer, donnez votre place à un jeune homme tel que je le veux, à un jeune homme qui sera fou de l’art des Maurice et des Eugène, qui sera persuade qu’il faut faire trois fois plus que son devoir pour le faire passablement. Malheur aux gens tiédes ! qu’ils rentrent au sein de leur famille ! que ces êtres dégradés, dont la foule importune sollicite sans cesse des grâces non méritées, n’empêchent pas les vieux militaires de montrer à leur souverain leurs honorables cicatrices ! Ils ne doivent pas devancer à la cour ceux qui les ont devancés à la guerre. La véritable considération appartient aux véritables braves, et non à ceux qui, faisant semblant de servir, dérobent aux soldats leurs récompenses.

Enfin il faut, pour être militaire, que l’enthousiasme monte la tête, que l’honneur électrise le cœur, que le feu de la victoire brille dans les yeux, qu’en arborant les marques insignes de la gloire, l’ame soit exaltée. Et qu’on me pardonne si la mienne, qui l’est peut-être trop dans ce moment, m’entraîne malgré moi à un peu de déclamation.