Aller au contenu

Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On est toujours mécontent. On aime à se plaindre partout où l’on est. On crie toujours contre quelqu’un ou contre quelque chose. On dit : quelle nation ! quel climat ! quel tems ! quelle vie !

Est-ce l’inquiétude naturelle que nous sentons ordinairement en nous, ou est-ce amour-propre ? Peut-être tous les deux. Nous ne sommes bien qu’où nous ne sommes pas, et nous voulons nous faire croire à nous-mêmes que nous valons mieux que ce qui nous entoure,

LE tems passé est toujours regretté ; c’est le présent qui le sert. On voit en bien tout ce qui n’est plus, et en mal tout ce qui est.

LES sottises de ceux qui sont préférés aux gens de mérite les vengent et couvrent de bouc les protégés bien bas, les protecteurs bien bêtes, et les plats intrigans qui se mêlent de tout ce qui est injuste.

LES femmes font les mœurs. Quand même elles les déferoient quelquefois, il n’en est pas moins vrai que les hommes qui s’éloignent de leur