Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/289

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à en avoir. Qu’est-ce qui nous porte au crime ? Sans parler des remords, n’y a-t-il pas une sorte de personnalité qui en éloigne ? Un criminel doit être toujours sous les armes au milieu des arsenaux de la méchanceté. Ma paresse s’en effraie. La paresse même porte à la bonté. Qu’on en ait, n’importe comment ni pourquoi, et tout le monde sera heureux.

L’HUMEUR est comme la mauvaise herbe qui mange tout, et empêche tout ce qui est bon, en plantes et en semences de se produire, et par conséquent de se reproduire et de profiter. Cette comparaison est si juste, que je vois les gens les meilleurs, les plus aimables, les plus délicats, les plus honnêtes, empêchés par l’humeur de paroître ce qu’ils sont. Toutes leurs bonnes qualités sont interceptées, c’est comme s’ils n’en avoient point.

LA philantropie, ou plutôt la philantropomanie est une singulière invention. Faut-il donc un nom grec, une secte, des assemblées et des ouvrages pour aimer son prochain ?