Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/298

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entrer ses devoirs. Eux remplis, qu’on ne respire que joie, jeux et fêtes, spectacles, bonne chère, bonne société, choses extraordinaires, de la folie même et des folies : mais toujours du goût, même dans les écarts. Il y a des gens à qui tout va, parce qu’ils ont de la grâce et du tact. On sent qu’ils sont au-dessus de leurs fautes, et qu’ils en savent sur eux-mêmes autant que leurs censeurs : on les attend au retour.

La police doit être une mère et non pas une commère. A Paris, elle faisoit avertir un père d’un commencement de désordre de son fils, une mère du projet qu’avoit sa fille de se sauver avec son amant ; une société qui pouvoit devenir dangereuse, de suspendre ses séances, ses propos, ses couplets contre le gouvernement : voilà la mère. Ailleurs, on laisse dire et faire, mais on rapporte tout, soit par méchanceté, soit par bêtise ; on répète, on entend mal, on augmente, on fait du tort : voilà la commère.

On croit que le persiflage rend ridicule. Oui, sûrement ; mais c’est la personne qui s’en sert, car plus le persifle aura d’esprit, moins