Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/302

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éprouvent dans la société, par une belle scène de colère ou de bravoure.

Personne n’est modeste, malgré la révérence embarrassée ou l’air timide qu’on prend quelquefois. Personne n’est doux, personne n’est naturel. Personne n’est de bonne foi, personne ne se rend justice, personne ne la rend aux autres. Personne n’entend bien, personne ne voit bien, personne ne dit la vérité, ni ne veut qu’on la lui dise. Contredites quelqu’un, quelqu’obligation qu’on vous ait, on l’oublie, surtout si vous faites voir, sans faire semblant de rien, que l’on s’est trompé sur un objet où l’amour-propre est intéressé. Tous les défauts que je viens de dire n’empêchent cependant point qu’on ne soit aimable et même sensible. Ils ne sont que dans la société, et dans les mots plus que dans les choses ; mais c’est incommode à rencontrer, et on ne rencontre que cela dans le monde. C’est l’amour-propre et le défaut d’esprit ou de justesse qui produit cet inconvénient, mais il gâte souvent tout, dans la société comme dans les affaires.

Quelque vertueuse que soit une femme,