Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/35

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faire valoir les deux monarques, l’un vis-à-vis de l’autre. Le Roi me dit : J’ai été fort content aujourd’hui de l’alignement des têtes de vos colonnes, et de leur déploiement. — Et moi, Sire, lui dis-je, du coup-d’œil de l’Empereur, qui y étoit lui-même, et ne s’est pas trompé d’un pas sur le terrain et les distances. — Il arriva dans ce moment, et demanda au Roi ce que je lui disois. Je suis sûr, dit celui-ci, qu’il n’osera pas le répéter à V. M. ; à peine en aurois-je le courage. C’est que nous étions du même avis sur le mouvement que vous faisiez faire ce matin vous-même aux housards qui protégeoient les déploiemens, et V. M. les plaçait au point juste où chaque répartition devait achever d’entrer en front. — Le Roi gâta bientôt ce madrigal ; et l’épigramme de son entrée en Bohême, quelques années après, étoit plus dans son genre. Le Roi étoit quelquefois trop cérémonieux ; cela ennuyoit l’Empereur. Par exemple, je ne sais si c’étoit pour se montrer un électeur discipliné, mais quand l’Empereur mettoit le pied dans son étrier, le Roi prenoit son cheval par la bride ; et quand l’Empereur passoit sa jambe pour entrer en selle, le Roi mettoit le pied dans son étrier ; ainsi du reste. L’Empereur avoit l’air de meilleure foi, en lui témoignant beaucoup d’égards, comme