Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/350

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que ses belles servantes Suisses, nues jusqu’aux épaules à cause de la chaleur, passoient à côté de moi, ou m’apportoient de la crème, il s’interrompit, et prenant, en colère, leurs beaux cous à plaines mains, il s’écria : Gorge par-ci, gorge par-là, allez au diable.

Il ne me prononça pas un mot contre le christianisme, ni contre Fréron. — Je n’aime pas, disoit-il, les gens de mauvaise foi, et qui se contredisent. Écrire en forme pour ou contre toutes les religions est d’un fou. Qu’est-ce que c’est que celle profession de foi dix vicaire Savoyard de Jean-Jacques, par exemple ? — C’étoit le moment où il lui en vouloit le plus : et dans ce moment même qu’il disoit que c’étoit un monstre, qu’on n’exiloit pas un homme comme lui, mais que le bannissement étoit le mot, on lui dit : — Je crois que le voilà qui entre dans votre cour. — Où est-il, le malheureux ? s’écria-t-il, qu’il vienne, voilà mes bras ouverts. Il est chassé peut-être de Neuchâtel, et des environs. Qu’on me le cherche. Amonez-le moi ; tout ce que j’ai est à lui. M. de Constant lui demanda, en ma présence, son histoire de Russie. — Vous êtes fou, dit-il : si vous voulez savoir quelque chose, prenez celle de La Combe. Il n’a reçu ni médaille, ni fourrures, celui-là, —