Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/38

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neur dans la guerre, un peu d’honnêteté en politique, et beaucoup d’amertume contre nous. Le Roi commença, sans savoir pourquoi, à défendre aux officiers Autrichiens de mettre le pied dans ses états sans une permission expresse signée de sa main : même défense de la part de notre Cour pour les officiers Prussiens ; et gêne des deux côtés, sans profit ni raison. Je suis confiant, moi : je crus n’avoir pas besoin de permission, et je crois encore que je pouvois m’en passer. Mais l’envie d’avoir une lettre du grand Frédéric, plutôt que la crainte d’être mal reçu, m’engagea à lui écrire. Ma lettre étoit brûlante de mon enthousiasme, de mon admiration et de la chaleur de mon sentiment pour cet être sublime et extraordinaire, et me valut trois réponses charmantes de sa part. Il me donnoit en détail presque ce que je lui avois donné en gros, et ce qu’il ne pouvoit pas me rendre en admiration, puisque je ne me souviens pas d’avoir gagné de bataille, il me l’accordoit en amitié. De peur de me manquer, il m’avoit écrit de Postdam à Vienne, à Dresde et à Berlin. En attendant midi, pour lui être présenté avec mon fils Charles et M. de Lille, je vis la parade et je fus bientôt entouré et escorté jusqu’au châteaux par des déserteurs Autrichiens, et