Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/88

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repose tout~à-fait, lorsque l’on sait à peine qu’on existe. Que fait l’ame alors ? Je n’en sais rien, mais ce qu’il y a de sûr au moins, c’est que son activité est suspendue, et qu’elle a la jouissance et le sentiment de son repos.

Ensuite je fais des projets. Blasé presque sur tout ce qui est connu, pourquoi ne pas me fixer ici ? Je convertirai ces tartares musulmans en leur faisant boire du vin, et donnant à ma demeure l’air d’un palais, qui sera vu de loin par les navigateurs ; je bâtirai huit maisons de vignerons avec des colonnes et une balustrade qui en cachera les toits. Je dessine aussitôt ce qui auroit été exécuté incessamment sans la guerre à laquelle notre voyage de fête donna lieu.

Quel dommage, me dis-je alors, que la superstition de la religion grecque ait détruit ces beaux restes du culte des Dieux, si favorables à l’imagination ! Ces beaux lieux, néanmoins, réjouissent encore la vue par les blancs minarets, les longues et minces cheminées en forme d’aiguilles, et l’espèce d’architecture orientale qui donne son joli style même aux plus petites cabanes. Mes réflexions qui me retracent les ravages du tems, me font aussi penser à mes propres perles. Je trouve que rien ici-bas ne demeure dans une stagnation