Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/97

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ils n’en sont pas maltraités, et sont plus fins qu’on ne pense : ils ont besoin de baiser la main de leurs Popes, et de se prosterner devant la souveraine pour être soumis. Du reste, ils ne sont esclaves que pour ne pas se faire du mal, ni à eux, ni aux autres ; mais ils sont libres de s’enrichir, ce qu’ils font souvent, comme on peut le voir par la magnificence des différens costumes des Provinces. L’Impératrice, qui ne craint pas de passer pour être gouvernée, donne à ceux qu’elle emploie toute l’autorité et la confiance possible : il n’y a que pour faire du mal qu’elle ne donne d’autorité à personne. Elle se justifie de sa magnificence en disant, que de donner de l’argent lui en rapporte beaucoup, et que son devoir est de récompenser et d’encourager. Elle se justifie d’avoir crée un grand nombre d’emplois dans ses provinces, parce que cela fait circuler les espèces, élève des fortunes, et oblige des gentilshommes à demeurer dans leurs terres, plutôt qu’à Pétersbourg ou à Moscou. Si elle a bâti en pierres 267 villes, c’est dit-elle, parce que tous les villages de bois, brûlés si souvent, lui coûtoient beaucoup. Si elle a crée une flotte superbe dans la mer Noire, c’est parce que Pierre I aimoit la marine. Elle a toujours quelque excuse de modestie