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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/96

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Budjack et Nogays, qui, il y a dix ans, menaçoient ou ravageoient l’Empire. Ces lieux, étoient ornés de tentes magnifiques pour les déjeuners, goûters, soupers, dîners et couchers ; et ces campemens, décorés avec une pompe asiatique, presentoient le spectacle le plus militaire. Ces mêmes déserts seront bientôt transformés en champs, en bois et en villages : ils sont déjà l’habitation de plusieurs régimens, et ils deviendront bientôt celle de paysans qui s’y établiront, à cause de la bonté du terrain. L’Impératrice a laissé dans chaque ville de gouvernement pour plus de cent mille roubles de présens. Chaque jour de repos étoit marqué par le don de quelques diamans, des bals, des feux d’artifice et des illuminations, à dix lieues à la ronde. D’abord des forêts en feu paroissoient sur les montagnes, puis des buissons ardens se rapprochant de nous, deviennent des bûchers immenses.

Encore une petite remarque sur tant de pays que nous parcourons. Les sujets de cet empire, qu’on a la bonté de plaindre si souvent, ne se soucieroient pas de vos États Généraux ; ils prieroient les philosophes de ne pas les éclairer, et les grands Seigneurs de ne pas leur permettre de chasser sur leurs terres. Maigré la chicanne qu’ils font au Saint-Esprit,