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CORÉE

L’exposition coréenne avait été organisée par un Français, M. le comte Mimerel, commissaire général, avec l’aide de M. E. Ferret, architecte. Son pavillon était un peu perdu sur les frontières ultimes du Champ-de-Mars, adossé à l’avenue de Suffren, il semblait que, par timidité ou modestie, la Corée eût voulu retrouver en ce coin écarté l’image de l’isolement où elle s’est longtemps complue. Son exposition valait cependant la peine, et pour plus d’une raison, d’être visitée. Depuis la guerre sino-japonaise et la déclaration d’indépendance, tout a changé en Corée. On copie de plus ou moins près le Japon moderne, on réorganise l’armée et les finances, on donne des concessions de mines, on met en circulation des tramways électriques, des trains de chemin de fer, les étrangers sont partout comme conseillers, professeurs, ingénieurs ; la religion chrétienne est ouvertement pratiquée. L’assimilation avec les États européens est-elle un fait accompli ? non, sans doute, pas encore et fort heureusement. Pour entrer dans le « concert européen », il a fallu vingt-cinq ans au Japon, à partir du jour où il en a conçu le projet, et le Japon, qui y était préparé par deux siècles de fréquentations européennes à Nagasaki, a su garder bien des traits de son génie national. La Corée nouvelle date de cinq ans à peine, il faudra encore quelques années pour qu’une évolution analogue soit réalisée : du moins est-elle entamée de manière, semble-t-il, à ne pas s’arrêter ; ce seul point déjà est important pour qui, ayant vu la Corée tout asiatique de 1890, a vu le Tai-Han d’aujourd’hui à l’Exposition universelle.

Ce ne sont donc pas des machines perfectionnées, des produits industriels modernes qu’il fallait aller chercher au pavillon coréen ; le développement économique du pays n’en est pas encore là. La Corée est avant tout agricole, elle a de riches et vastes forêts très giboyeuses, elle produit des chevaux, une superbe race de bœufs, ses côtes abondent en poissons, en algues comestibles ; elle possède du charbon, de l’or. De tout cela, le visiteur peut prendre une vue rapide, grâce aux échantillons rangés et étiquetés dans des bocaux ; ces produits éminemment utiles seront abondants, dépasseront les besoins de la population, le jour où une administration régulière et juste n’entravera plus le travail de l’homme du peuple et où des routes et des chemins de fer permettront le transport des marchandises autrement qu’à dos d’homme ou de bête de somme.

Ces importantes réformes s’accompliront certainement sous les auspices du souverain actuel.

S. M. Ri Hyeng, empereur de Corée (premier nom Tjoi-hoang), né en 1852, est le second fils

SA MAJESTÉ RI HYENG.
SON ALT. IMPÉRIALE LE PRINCE HÉRITIER RI-SYEK.