Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/237

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sorte que mon menton était enveloppé dans le poil de sa motte ; une autre s’y mettait sur mon ventre ; une troisième, qui était sur mes cuisses, tâchait de s’introduire mon vit dans le con ; deux autres étaient placées à mes côtés, de façon que je tenais un con de chaque main ; une autre enfin — et celle qui avait la plus belle gorge — était à ma tête, et, s’inclinant, elle me pressait le visage entre ses tétons. Toutes étaient nues, toutes se grattaient, toutes déchargeaient. Mes mains, mes cuisses, mon ventre, ma gorge, mon vit, tout était inondé : je nageais dans le foutre, et le mien refusait de s’y joindre. Cette dernière cérémonie, qu’on appelait par excellence la question extraordinaire, fut aussi inutile que les précédentes : on me tint pour un homme confisqué, et l’on abandonna la nature à elle-même.

Tel était mon état, quand, en me promenant un jour dans le jardin, seul, rêvant au malheur de ma destinée, je rencontrai le Père Simon, homme profond, qui avait blanchi dans les travaux de Vénus et de la table, et, tel que le vieux Nestor, avait vu plusieurs fois renouveler le couvent. Il vint à moi, et m’embrassant tendrement, me dit :

— Ô mon fils ! votre douleur est grande, je le vois, mais que le sujet ne vous en alarme point. Mes longues méditations, et mon expérience consommée m’ont fait découvrir un moyen de faire renaître en vous ce sentiment vif pour le plaisir, cette ardeur voluptueuse qui caractérise le bon moine. Votre mal est grand, mais aux maux désespérés il faut de violents remèdes. La nature marâtre ne nous a donné des forces que jusqu’à un certain degré. J’avoue qu’elle nous traite, nous autres moines, en enfants chéris, mais la trop grande dissipation dans un moine peut faire ce qu’une moindre fera