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Portier des Chartreux.


d’entendre le reſte d’une converſation qui commençoit à m’interreſſer ſi fort. Je me tins clos & couvert, & j’attendis avec impatience le reſultat de leurs diſcours : je n’attendis pas long-tems.

On vint bien-tôt me tirer de ma priſon, j’entendis ouvrir la porte : je tremblois que ce ne fut Ambroiſe : s’il m’avoit vû là, quelle jolie ſcène pour moi ! C’étoit Toinette qui m’aportoit mes habits, & qui me dit de m’habiller au plû-tôt. Je ne la regardois que de travers après ce que je lui avois oüi dire à mon ſujet : je me hâtai de faire ce qu’elle me diſoit ; mais je bravois ſes menaces. Je remarquai qu’elle achevoit de s’habiller auſſi, & qu’elle ſe mettoit même ſur ſon propre ; j’eus bien-tôt fait de mon côté, elle eût bien-tôt fait du ſien : allons, Saturnin, me dit-elle, venés avec moi ; force me fut de la ſuivre. Où me mena-t’elle ? chez Monſieur le Curé.

J’avoüerai franchement que la vûë du Presbitere me fit trembler : le Paſteur avoit eu pluſieurs fois l’honneur de me viſiter le derriere (choſe que, par parentheſe, il ne haïſſoit pas) & je craignois bien fort que ce ne fut encore pour lui procurer le même diver-