tiſſement, que l’on me menoit chez lui.
Je n’oſois pas tout-à-fait laiſſer voir mes
craintes à Toinette : ſi je lui fais ſentir
que j’ai peur, diſois-je, c’eſt peut-être
reveiller le chat qui dort, elle ne manquera
pas de ſaiſir l’occaſion ; mais pourquoi
m’amene-t’elle donc ici, je n’en
ſais trop rien : faiſons de neceſſité vertu,
entrons toûjours.
J’entrai, & effectivement j’en fus quitte pour la peur ; car Toinette, en me preſentant au ſaint homme, le pria de vouloir me garder pendant quelques jours chez lui. Cette expreſſion, pendant quelques jours, me raſſura : bon, dis-je en moi-même, & quand ces quelques jours ſeront paſſés, le Pere Polycarpe m’emmenera avec lui. Cette eſpérance me charma, & fit que je me familiariſois plus aiſément avec ma retraite, ſur le motif de laquelle je n’oſois pourtant reflechir ſans me ſentir ſaiſi de douleur. Suzon, chere Suzon je te perdrai donc pour toûjours, m’écriois-je dans un coin de la ſalle où je m’étois d’abord retiré par frayeur, & où je reſtois par goût, parce que je rêvois à mon aiſe ? à quoi ? à Suzon. L’agitation où j’étois depuis quelque heures n’avoit fait que ſuſpendre ce que je ſentois pour el-