plongeoient dans une noire mélancolie,
dont je ne ſortis qu’au ſon d’une clochette
qui m’avertit qu’on avoit ſervi le
ſouper, on vint m’apeller : laiſſons pour
un moment Suzon, nous la retrouverons
bien toûjours, elle joüe un rolle
aſſez important dans ces Mémoires.
Allons prendre un repas, & faiſons connoître
quelques vûës des originaux, avec
qui je le pris. Commençons par le
Chef.
Monſieur le Curé étoit une de ces figures qu’on ne ſauroit regarder ſans avoir envie de rire, haut de quatre pieds, le viſage large d’un demi, & enluminé d’un rouge foncé qui ne lui venoit pas de boire de l’eau, un nez épaté ſurmonté de rubis, de petits yeux noirs & vifs, ombragés d’épais ſourcils, un front petit, le poil friſé comme un barbet, joignés-y un air goguenard & malin ; voila Monſieur le Curé. Avec cela le coquin avoit de bonnes fortunes, plus d’une m’en auroit encore dit des nouvelles dans le Village : il cultivoit volontiers la vigne du Seigneur : il faiſoit le petit Céleſtin : ces petits magots-la ſont d’ordinaire de vigoureux ſires à ce jeu, & notre Curé ne manquoit pas, je crois, de ces talens, qui