me donnoit, & je voyois qu’il taxoit
de mauvais goût la complaiſance qu’elle
me témoignoit.
Suzon s’avança : elle me vit dans le moment, ſes belles jouës s’animerent des plus vives couleurs, elle baiſſa les yeux : l’agitation lui coupa la parole : j’étois dans un état peu différent du ſien, excepté qu’elle baiſſoit les yeux, & que les miens étoient fixés ſur elle. Les charmes de Madame Dinville, dont elle ne me ménageoit pas la vûë, ſa gorge, ſes Tetons & les autres beautés de ſon corps, dont un drap jaloux deroboit, à la vérité, le ſpectacle à mes yeux, mais n’en rendoit la peinture que plus vive à mon imagination. Tout cela avoit fait dans mon cœur des impreſſions qui tournerent en l’inſtant au profit de Suzon ; mais la reflexion corrigea bien-tôt un ſentiment trop précipité, & me ramena, non pas tout d’un coup, à mon caractere dominant.
Si j’euſſe eu le choix de Suzon ou de Madame Dinville, je n’aurois pas balancé : Suzon avoit la pomme, mais on ne me preſentoit pas l’alternative ; la poſſeſſion de Suzon n’étoit pour moi qu’une eſperance fort incertaine, & la