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Portier des Chartreux.


joüiſſance de Md. Dinville étoit preſque une certitude ; ſes regards m’en aſſurerent, ſes diſcours, quoique gênés par la preſence du petit Abbé, ne détruiſoient pas l’eſpoir que ſes yeux me laiſſoient concevoir. Suzon, après avoir été chargée d’avertir une femme de chambre, ſortit, & ſon depart commença à reſtituer à Madame Dinville, des deſirs qui lui apartenoient, puiſqu’ils étoient ſon ouvrage.

Je reſtai cependant ſi troublé, les mouvemens de mon cœur combatus & détruits alternativement par deux cauſes qui l’intereſſoient également, l’une par l’idée du plaiſir, l’autre par celle du plaiſir accompagné de quelque choſe de plus touchant, étoient dans une ſi grande confuſion que je ne m’aperçus pas de la diſparution de l’Abbé. Madame Dinville l’avoit bien vû ſortir, mais, s’imaginant que je l’avois vû auſſi, elle ne croyoit pas qu’il fût beſoin de m’en faire ſouvenir. Elle ſe panche ſur ſon couſſin, & me regardant avec une douce langueur qui me diſoit inutilement qu’il ne tenoit qu’à moi de devenir heureux : elle me prenoit tendrement la main, qu’elle me preſſoit dans la ſienne, en la laiſſant de tems

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