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Histoire de Dom B…


mais envain, d’exciter des deſirs que je n’avois plus. Elle s’y prit d’une autre façon pour ranimer ma chaleur éteinte ; elle ſe coucha ſur le dos, ſe trouſſa : elle connoiſſoit combien une ſemblable vûë avoit de pouvoir ſur moi, elle remuoit le derriere d’une maniere laſcive, je ſentois quelques legeres émotions, je portois la main ſur ce qu’elle me montroit, mais je la portois d’un air indifferent, je chatoüillois avec plus d’indifference encore, elle me tenoit pendant ce tems-là le Vit, & ſemblable à un Medecin qui tâte le poulx d’un criminel à qui l’on donne la queſtion, & ſur ſa force ou ſa foibleſſe regle la doſe qu’on doit lui donner : elle me branloit avec plus ou moins de viteſſe proportionnément aux degrés de lubricité qu’elle ſentoit naître. Elle en vint enfin à ſon honneur, je bandai, elle triomphoit, je voyois dans ſes yeux petillans la joye que lui cauſoit le retour de ma virilité : charmé moi-même de l’effet de ſes careſſes, je voulus ſur le champ lui donner des marques de ma reconnoiſſance ; elle les reçût avec une fureur amoureuſe dont la vivacité ſeconda ſi bien mon zele, elle me ſerroit, s’agiſſoit, ſe lançoit avec des mou-