taſſe les douceurs du ſommeil dans un endroit
où je venois de goûter toutes celles
de l’amour, & qui étoit encore brûlant
de mes baiſers. Elle m’eſſuya elle-même
la ſueur de mon viſage, & me
donnant un baiſer, dors, me dit-elle,
mon cher amour, dors tranquillement,
je me contenterai de te voir. Je m’aſſoupis
bien-tôt, je dormis d’un profond
ſommeil, & le ſoleil s’aprochoit
de l’horiſon : quand je me reveillai, je
n’ouvris les yeux que pour les porter
ſur Madame Dinville. Elle me regardoit
d’un air riant ; elle s’étoit occupée
à faire des neuds pendant mon ſommeil :
elle interrompit ſon ouvrage pour me
gliſſer la langue dans la bouche, & le
laiſſa bien-tôt dans l’eſperance que j’allois
l’occuper à faire des neuds d’une
autre eſpece. Elle ne me cacha point
ſes deſirs, & me preſſa de les ſatisfaire :
j’étois d’une nonchalance qui irritoit
ſon impatience. Je n’avois ni degoût
ni envie ; cependant je ſentois,
que s’il eut dependu de moi, j’aurois
preferé le repos à l’action : ce n’étoit
pas là le deſſein de la Dame : elle me
tenoit dans ſes bras, & m’accabloit de
careſſes brûlantes, peine perduë, j’y
étois inſenſible, je tâchois moi-même,
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Portier des Chartreux.
I. Partie.
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