encore mou, mais je crus que ſon ſecours
hâtant l’effet des paſtilles, il ſeroit
bien-tôt dans l’état où je le ſouhaitois:
elle le ſerroit, elle le remuoit :
elle le branloit, & rien n’avançoit. Je
fis des efforts cent fois plus grands que
ceux que je venois de faire avec Madame
Dinville. J’avois beau faire, un
froid mortel m’avoit glacé le corps :
c’eſt Suzon, diſois-je, c’eſt ma chere
Suzon que j’embraſſe, & je ne bande
pas ! je baiſe ſes Tetons, ſes deux charmans
Tetons que j’idolâtrois hier, ne
ſont-ils plus les mêmes aujourd’hui ?
ils n’ont rien perdu de leur rondeur,
de leur dureté, de leur blancheur : cette
peau que je touche eſt auſſi douce & auſſi
belle qu’elle l’étoit quand ſa vûë m’enchantoit :
ſes cuiſſes, que je preſſe contre
mes cuiſſes, ne ſont-elles pas brûlantes
comme elles l’étoient hier ? elle les écarte,
j’ai le doigt dans ſon Con, hélas !
& je n’y peux mettre que le doigt ! Suzon
ſoupiroit de ma foibleſſe, je maudiſſois
le funeſte preſent de Madame
Dinville, je m’imaginois qu’elle avoit
prévû ce qui devoit m’arriver en ſortant
de chez elle, & que, pour me
déſeſperer, elle avoit voulu achever avec
ſes paſtilles l’épuiſement où elle m’a-
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Portier des Chartreux.