Page:Gervaise de Latouche - Histoire de dom B… portier des chartreux, 1741.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
Histoire de Dom B…


ras : que l’on me diſe, ſi l’on veux ; hé quoi, brave Dom-Bougre, n’aviés vous pas quatre doigts & le pouce à la main, ſecours certain & infaillible contre l’intempérance de la chair ? Demandés plû-tôt à ces caffarts de Prêtres, à ces Hypocrites, qui portent la mortification ſur leurs faces blêmes & hideuſes, & la luxure, la paillardiſe la plus ſenſuelle dans leur cœur corrompu. Comment font-ils ? On ne trouve pas toujours un Bordel, une Devote ſous ſa main ; mais on a toujours un Vit, ils s’en ſervent, ils ſe branlent juſqu’à ſe faire venir cette couleur pâle, que les ſots prennent pour l’effet de leurs auſtérités, que vous ſerviés-vous de la même recette, n’eſt-elle pas ſouveraine ? Je le ſavois : mais il n’y avoit pas long-tems qu’il m’étoit arrivé de me trouver briſé, moulu, impotent, pour m’en être un peu trop donné ; je me ſentois des diſpoſitions à m’en donner encore peut-être un peu plus que de raiſon, & je n’étois pas fort curieux de me revoir dans le même état. J’étois en garde contre la tentation, je me contentois de me branloter, de donner de tems en tems quelques petites ſecouſſes, de faire venir le plaiſir juſqu’à ma portée, &