expirés, nous étions au troiſieme, &
quoique je commençaſſe à me ſentir
une vigueur qui m’aſſuroit de ma guériſon,
je ne fus nullement tenté de
lui aller chercher de l’exercice au Château :
le ſouvenir de ce qui m’y étoit
arrivé agiſſoit encore ſi puiſſamment
ſur mon imagination, qu’il étouffoit
mes deſirs avant leur naiſſance. Je ne
ſongeois cependant qu’avec chagrin à
l’obſtacle que cette funeſte avanture avoit
mis aux plaiſirs que je m’étois promis
d’avoir avec Suzon. Cette reflexion
me fit penſer aux paſtilles de Madame
Dinville, & uniquement dans la vûë
d’éprouver juſqu’à quel point elles pourroient
faire monter ma nouvelle vigueur,
j’en mangeai ce qui me reſtoit.
Je ne dirai pas ſi leur effet fut vif ou
lent ; mais après avoir dormi d’un profond
ſommeil, occaſionné ou non par
cette drogue luxurieuſe, je me reveillai
par la force de l’érection que je ſentois.
J’en aurois été effrayé, & j’aurois
craint que mes nerfs, dont la tention
prodigieuſe me faiſoit une vive douleur,
ne ſe rompiſſent, ſi je n’euſſe éprouvé
preſque la même choſe chez
Madame Dinville. J’étois fort embaraſſé :
qu’on rie de mon embar-
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Portier des Chartreux.