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Histoire de Dom B…


& je me hazardai à lui donner un baiſer ſur la bouche. Ah, me dit-on, d’une voix baſſe, que vous vous êtes fait attendre, je dormois, montés donc : ma foi je montai dans le lit, & bien-tôt ſur ma Vénus. Elle me reçût aſſez froidement dans ſes bras : je fus ſenſible à cette marque d’indifférence, qu’elle s’imaginoit donner à un amant que je croyois aimé tendrement. Je m’aplaudiſſois de l’heureux ſuccès que la fortune avoit pris ſoin de donner à mes deſirs, & je la remerciois du moyen qu’elle me procuroit de tirer une vengeance auſſi douce des mépris de ma tigreſſe, je la baiſois à la bouche, je lui preſſois les yeux avec mes lévres, je me livrois à des tranſports d’autant plus vifs, qu’on leur avoit toûjours refuſé la liberté d’éclater. Je lui maniois les Tetons, cette gorge charmante (aſſurément Nicole en avoit une des plus belles) ferme, élevée, graſſe, blanche, des Tetons bien ſeparés, bien formés, durs, en un mot, une gorge accomplie. Je nageois ſur un fleuve de délices, enfin j’achevai un ouvrage que j’avois ſouhaité tant de fois faire avec cette Divinité. Je lui en donnai une ſi bonne doſe, qu’il me parut par ſes hélas,