ma porte ; il fallut nous ſeparer, de
peur de nous rendre ſuſpects. Verland
ſe gliſſa dans le jardin & fit ſemblant
de dormir ſur le gazon où on le trouva,
comme il l’avoit prévû. On lui fit
la guerre, on le railla : un feint étourdiſſement
vint à ſon ſecours ; il dit,
que pour ne point troubler les plaiſirs,
il s’étoit retiré ſans parler : la fatigue
de l’exercice qu’il venoit de faire, en
lui donnant un air un peu abbatu, aidoit
à faire croire ce qu’il diſoit.
Ne doutant pas que l’on ne vint encore me chercher, & que ſi on apercevoit quelque jour à ma porte, on ne manqueroit pas d’en profiter pour voir ſi j’étois dans ma chambre, je dérangeai la portiere qui bouchoit le trou de la ſerrure, & entendant venir quelqu’un, je me mis à genoux à demi proſternée vis-à-vis d’un Crucifix. Cela fit l’effet que j’en avois eſpéré : on crut que la diſſipation des plaiſirs n’avoit pas été capable de déranger mes exercices de piété ordinaire : on en conçût une nouvelle eſtime, j’oſe dire, une eſpéce de vénération pour moi ; enfin aſſez remiſe de mes travaux amoureux pour ne donner aucun ſoupçon, je fis rejoindre la compagnie, & j’affectai de