me prêter par complaiſance à des divertiſſemens
dont le plus doux avoit déja
été pour moi.
Dès que j’eus formé le projet de marier ma Mere avec mon Amant, je m’apliquai à diſpoſer tout pour nous faciliter les moyens de nous voir, & pour prévenir toute ſurpriſe lorſque nous ſerions enſemble, j’affectai un redoublement de devotion, & de ne vouloir pas être interrompuë dans mes exercices. J’accoutumai tout le monde à ne point fraper à ma porte, dès que la clef n’y étoit pas ; Verland de ſon côté accoutuma ma Mere à ne le pas voir fort aſſidu aupres d’elle : il prétextoit des affaires & ſe couloit dans ma chambre. Nos plaiſirs, enfans de la contrainte & du miſtere, ne ſe ſentoient pas encore après un an des dégoûts, fruits ordinaires de la liberté, je les aurois crus éternels, j’aurois juré que tous les hommes enſemble n’y pouvoient rien ajoûter, un moment me détrompa.
Je rencontrai un jour une jeune perſonne que j’avois connuë autrefois : je lui demandai ce qu’elle faiſoit en cette ville ; elle me dit qu’elle n’y étoit attaché à perſonne. Je la pris à mon ſervice en qualité de femme de chambre ;