prendre le voile de Novice, c’étoit ma
meilleure amie. Jeſus, lui dis-je, ma
bonne, pourquoi donc me venir prendre
dans mon lit, c’eſt que je t’aime,
me répondit-elle, en m’embraſſant, &
pourquoi êtes-vous toute nuë ? C’eſt
qu’il fait ſi chaud que ma chemiſe même
eſt trop péſante, il tombe une pluye
terrible, j’ai entendu le tonnerre qui
grondoit, j’en ai bien peur, ne l’entends-tu
pas auſſi ? Quel bruit il fait !
Ah ! ſerre-moi bien fort, mon petit
cœur, mets le drap par deſſus notre tête
pour ne pas voir ces vilains éclairs :
là bon, ah ! ma chere Suzon, que j’ai
peur ! Moi, qui ne crains pas le tonnerre,
je tâchois de raſſurer la ſœur,
qui, pendant ce tems-là me paſſoit ſa
cuiſſe droite entre les miennes, & ſa
gauche par deſſous ; & dans cette poſture,
elle le frotoit contre ma cuiſſe
droite en me mettant ſa langue dans la
bouche, & en me donnant de petits
coups ſur la feſſe avec la main ; après
qu’elle ſe fut un peu remuée de cette
façon-là, je crus ſentir qu’elle me
moüilloit la cuiſſe, elle pouſſoit des
ſoupirs, je m’imaginois que c’étoit la
peur du tonnerre qui faiſoit cela. Je la
plaignois ; mais bien-tôt elle reprit ſa
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Portier des Chartreux.
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