poſture naturelle : je croyois qu’elle alloit
s’endormir, & je me préparois à
en faire autant, quand elle me dit, tu
dors donc, Suzon ? je lui répondis que
non, mais que j’allois bien-tôt le faire.
Tu veux donc, reprit-elle, me laiſſer
mourir de frayeur ? Oüi, je mourrai,
ſi tu te rendors ; donne-moi la main,
ma chere petite, donne. Je me laiſſai
prendre la main, qu’elle porta auſſi-tôt
à ſa fente, & elle me dit de la chatoüiller
avec mon doigt dans le haut de cet
endroit, je le fis par amitié pour elle.
J’attendois qu’elle me dît de finir ; mais
elle ne diſoit mot, écartoit ſeulement les
jambes, & reſpiroit un peu plus vîte qu’à
l’ordinaire, en jettant de tems en tems des
ſoupirs & en remuant le derriere ; je crus
qu’elle ſe trouvoit mal, & je ceſſai de faire
aller le doigt. Ah ! Suzon, me dit-elle,
d’une voix entrecoupée, acheve, je te
prie, acheve : je continuai. Ah ! ah !
s’écriat’elle, en s’agitant bien fort, &
en m’embraſſant étroitement, dépêche,
ma petite Reine, dépêche, ah !
vîte, ah… je me meurs. Au moment
qu’elle diſoit cela, tout ſon corps ſe
roidit, & je me ſentis de nouveau la
main moüillée, enfin elle pouſſa un
grand ſoupir & reſta ſans mouvement.