qu’elle voiloit ſous des aparences de la
vertu, les inclinations corrompuës, elle
étoit en intrigue réglée avec le Pere
Jerôme : Martin m’en aprit toutes les
circonſtances ; il me dit, qu’en furetant
dans les papiers de ſon Maître, il
avoit trouvé une lettre où elle lui marquoit
qu’elle ſe trouvoit, pour l’avoir
trop écouté, dans le même embarras
où je me trouvois pour avoir trop écouté
Martin ; que le Pere lui avoit envoyé
une petite fiole de cette liqueur
dont je devois uſer ; que la Mere, en recevant
le préſent, avoit paruë tranſportée
de joye, & qu’il en avoit
trouvé une ſeconde lettre par laquelle
elle marquoit à ſon vieil amant, que
la liqueur avoit fait merveilles, qu’on
n’avoit plus aucune incommodité, &
qu’on étoit prête à recommencer. Ah,
mon cher ami, dis-je à Martin, aporte-moi
dès demain de cette liqueur, tu
me tireras de toutes mes peines, & portant
mes vûës plus loin, je crûs que
par les moyens de ces lettres, je pourrois
ſervir ma vengeance & ma haîne
contre la Mere Angelique : je les demandai
à Martin, qui ne ſentant pas
combien cette imprudence nous coûteroit
cher, crût me marquer ſon a-
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Portier des Chartreux.
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