Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/105

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phion moderne, — c’était un abbé, — je rougis pour Mme Dinville des marques indiscrètes de bienveillance qu’elle venait de me donner, et, pour mon propre compte, du motif de celles dont j’avais payé les siennes ; mais je me vengeai bientôt du trouble qu’il venait de me causer par le jugement que je portai sur lui. La situation où l’on se trouve influe souvent sur la façon de penser. Je ne doutai pas que mon arrivée imprévue n’eût dérangé une partie qui ne souffre de tiers qu’à titre d’importun. Pouvais-je, en effet, penser qu’un homme pût se trouver seul avec une femme sans lui faire ce que j’aurais fait moi-même ?

Craignant qu’il n’eût pénétré le sujet de ma visite, je n’osais pas le regarder. Si la curiosité m’excitait à l’envisager, la crainte de rencontrer sur son visage quelque sourire malin, me faisait baisser la vue aussitôt. Je n’y trouvai pourtant pas ce que je craignais, et perdant l’habitude de le regarder comme un témoin redoutable, je ne vis en lui qu’un importun fait pour gêner les plaisirs dont mon imagination se repaissait.

Je l’examinais avec attention, et, réfléchissant sur sa qualité d’abbé, j’en cherchais dans sa personne des marques justificatives. J’avais sur le mot abbé des idées extrêmement bornées, m’imaginant que tous les abbés devaient être faits comme M. le curé ou comme M. le vicaire ; et j’avais peine à concilier l’air bonhomme que je leur connaissais