Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/147

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quoique nous le fissions avec toute la discrétion possible, la vieille, qui avait l’oreille au guet, ne prit pas le change. Elle démêla, dans le bruit sourd de nos soupirs et des mots interrompus qui nous échappaient, le motif de notre silence. Nouveau tapage. Nicole, criait-elle en frappant contre la cloison, misérable Nicole finiras-tu ? Nouvelles alarmes de notre part ; mais me mettant bientôt au-dessus de la crainte, je dis à Nicole que, puisque nous étions découvert, il était inutile de nous gêner. Elle approuva par son silence cette résolution courageuse, et, me donnant elle-même le premier coup de cul, en me remettant sa langue dans la bouche, elle me piqua d’honneur ; et tels que des généreux guerriers qui, bravant dans les lignes le feu d’une artillerie meurtrière braquée contre eux sur un rempart, continuent tranquillement leur ouvrage et rient du bruit impuissant du canon qui gronde sur leur tête, nous travaillâmes intrépidement au bruit des coups que Françoise donnait contre la cloison. Nous achevâmes ; et, soit que l’interruption, soit que le bruit que la vieille faisait encore eût donné une pointe de vivacité à nos plaisirs, nous nous avouâmes réciproquement que nous n’en avions pas encore goûté d’aussi vifs.

Le faire cinq fois en fort peu de temps, ce n’était pas mal s’en tirer pour un convalescent, convalescent encore de quelle maladie ! Je sentais cependant que je n’étais pas tout-à-fait hors