Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/150

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tous les écoliers, l’un après l’autre, avec des yeux dont la fureur rendra l’écarlate plus vive et plus brillante. Elle cherchera, parmi les grands, celui sur qui elle doit se venger, non des plaisirs qu’elle a eus, mais de ceux qu’il a donnés à sa fille. Si elle me reconnaît, elle sera bien fine. Nicole n’osera se montrer ; si elle se montre, elle rougira, sera honteuse, me fera la mine, peut-être les yeux doux ; que sait-on ? Elle est friande, ferai-je le cruel ? Peut-être l’abbé sera-t il cassé aux gages ; oh ! pour lui, il n’en sera que plus impudent.

J’étais si fort occupé de toutes ces pensées, que je ne songeais pas à dormir ; et l’Aurore aux doigts de rose avait déjà ouvert les portes de l’Orient, que je n’avais pas encore fermé l’œil. J’avais pourtant besoin de repos. Le sommeil, qui semblait avoir respecté mes réflexions, vint aussitôt qu’elles furent cessées, et ce ne fut pas sans peine qu’on vint à bout de le faire rompre au milieu du jour. Que devins-je à la vue de Toinette, qui, placée aux pieds de mon lit, paraissait attendre mon réveil ? Je pâlis, je rougis, je tremblai. Je crus que mon procès était fait et parfait, qu’on avait découvert que j’avais eu part aux désordres de la nuit et que j’allais le payer. Cette pensée accablante me fit retomber sans force sur mon lit. — Eh bien, Saturnin, me dit Toinette, es-tu encore malade ? Pas de réponse. Le révérend père Polycarpe va donc