Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/190

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l’ennui que devait me causer la confession d’une vieille qui se présenta.

J’essuyai patiemment un déluge de balivernes que je payai par des maximes de morale si consolantes, que ma vieille, charmée, m’aurait d’abord donné des marques de satisfaction, si le grillage ne se fût pas trouvé entre nous. Pour me dédommager, elle me voua un attachement à l’épreuve de toutes les tentatives que les autres directeurs pourraient faire pour me l’enlever. Je lui passai son transport en faveur du profit que j’en pourrais tirer. Bon pour plumer, me dis-je en moi-même ; mais pour cela il fallait sonder le terrain. Elle était babillarde ; je la mis sur le chapitre de sa famille. Grandes invectives d’abord contre un traître de mari, qui portait ailleurs ce qui lui appartenait : elle était blessée dans l’endroit le plus sensible ; autres invectives contre son fils, qui suivait l’exemple du père ; elle ne louait que sa fille, une fille dont l’occupation et le plaisir étaient le travail et la prière, — Ah ! ma chère sœur, m’écriai-je alors d’un ton de tartufe, que vous devez être charmée de vous voir revivre dans une pareille fille ! Mais cette sainte âme vient-elle à notre église ? Que je serais édifié de la voir ! — Vous la voyez tous les jours ici, me répondit la vieille ; elle est aussi belle qu’elle est dévote ; mais dois je parler de beauté devant vous, qui êtes des saints ? Vous méprisez cela. — Ma chère sœur, repris-je, nous croyez-vous assez injustes pour refuse