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mienne ? mais à la condition que tu me laisseras toucher à ta petite fente : nous nous chatouillerons, et nous serons bien aises.

Suzon était toute rouge. Les discours que je lui tenais paraissaient la surprendre ; il semblait qu’elle eût peine à m’en croire ; elle n’osait me laisser mettre la main sous sa jupe, dans la crainte, disait-elle, que je ne voulusse la tromper et que je n’allasse tout déclarer. Je l’assurai que rien au monde ne serait capable de m’en arracher l’aveu, et, pour la convaincre de cette différence que je lui disais se trouver entre nous deux, je voulus lui prendre la main ; elle la retira, et nous continuâmes notre entretien jusqu’à la maison.

Je voyais bien que la petite friponne prenait goût à mes leçons, et que si je la trouvais encore une fois cueillant des fleurs, il ne me serait pas difficile de l’empêcher de crier. Je brûlais d’envie de mettre la dernière main à mes instructions et d’y joindre l’expérience.

À peine étions nous entrés dans la maison que nous vîmes entrer le père Polycarpe ; je démêlai le motif de sa visite : je n’en doutai plus quand sa révérence eut déclaré d’un air aisé qu’elle venait prendre le dîner de famille. On croyait Ambroise bien loin ; il est vrai qu’il ne les gênait guère, mais on est toujours bien aise d’être débarrassé de la présence d’un mari, quelque commode qu’il soit. C’est toujours un animal de mauvais augure. Je ne doutai pas que je n’eusse après-