quoi je ne conviens pas, puisque la violence que l’indigne Verland me faisait m’ôtait la liberté de me défendre, vous auriez pu vous contenter de me faire une réprimande ; quoique je ne l’eusse pas méritée, je l’aurais soufferte et je me serais bornée à gémir sans me plaindre, puisque les apparences parlaient contre moi. — Une réprimande, mademoiselle, me répondit-elle alors sèchement, une réprimande pour une action comme la vôtre ! Vous méritez une punition exemplaire, et sans les égards que nous avons pour madame votre mère, qui est une sainte dame, vous… — Vous ne punissez pas toutes les coupables, interrompis-je vivement, et vous en avez dans le couvent qui font bien autre chose ! — Bien autre chose ? reprit-elle ; nommez-les moi, je châtierai. — Je ne vous les nommerai pas, lui répondis-je, mais je sais qu’il y en avait une parmi celles qui m’ont traitée hier avec tant d’indignité. — Ah ! s’écria-t-elle, c’est pousser trop loin l’effronterie ! c’est pousser la corruption du cœur et le dérèglement de l’esprit jusqu’où ils peuvent aller ! Juste ciel ; joindre la calomnie aux actions les plus criminelles, accuser les plus saintes de nos mères, des exemples de vertu, de chasteté et de pénitence, quelle dépravation du cœur ! Je lui laissai tranquillement achever son éloge, et quand je vis qu’elle s’arrêtait, je tirai froidement le godmiché de ma poche, et le lui présentant : Voilà, lui dis-je du même air, une preuve de leur sainteté,
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