Page:Gervaise de Latouche - Le Portier des Chartreux, 1889.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dommage qu’il soit si gros : à peine ma main peut-elle l’empoigner ! Mais il m’est inutile… Non, jamais il ne pourra me servir, continuai-je en levant ma jupe et en essayant de nouveau de le faire entrer dans un endroit qui me faisait encore une douleur cuisante des efforts que j’avais fait la veille. J’y trouvai les mêmes difficultés, et il fallut encore me contenter de mon doigt. Je travaillai avec tout le courage que la vue de l’instrument m’inspirait, et je poussai les choses au point que les forces me manquèrent. Je demeurai insensible au plaisir même que je me donnais ; ma main n’allais plus que machinalement, et mon cœur ne sentait rien. Ce dégoût momentané me fit naître une idée qui me flatta beaucoup. Je vais sortir, me dis-je, je n’ai plus rien à ménager ; sortons avec éclat ; je veux porter cet instrument à la mère supérieure : nous verrons comment elle soutiendra cette vue.

Je jouissais d’avance, en allant à l’appartement de la supérieure, de la confusion que j’allais lui causer en lui montrant le godmiché. Je la trouvai seule ; je l’abordai d’un air libre. — Je sais bien, madame, lui dis-je, qu’après ce qui s’est passé hier et l’affront que vous avez voulu me faire, je ne peux plus rester avec honneur dans votre couvent. (Elle me regardait avec surprise et sans me répondre, ce qui me donna la liberté de continuer.) Mais, madame, sans en venir à de pareilles extrémités, si j’avais fait une faute, et c’est de