Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/104

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Ils peuvent épouser légitimement jusqu’à quatre femmes, à condition pourtant de pouvoir leur fournir à chacune une chambre séparée ; le nombre des concubines est indéterminé. Se marier veut dire acheter une femme, car c’est un véritable marché ; le cœur ou la volonté de la femme n’y est pour rien ; aussi les divorces sont-ils très fréquents ; quelques femmes, comme les Romaines, par les consuls, pourraient compter leurs maris par les ramadans. Une chose pourtant retient maris et femmes, c’est la considération de la dot qu’il faut liquider. Les riches seuls, ou tout au moins les personnes aisées, peuvent se marier légitimement ; les prolétaires vivent en concubinage ; les avortements sont très nombreux et, si l’on y joint le vice habituel des Arabes, qu’ils ont importé dans les Comores comme dans tous les pays où ils se sont répandus, on reconnaîtra que sous les dehors les plus austères et les plus purs, cette société arabe cache une profonde dépravation morale.

Ce sont les femmes qui élèvent les enfants jusqu’à l’âge de cinq ou six ans ; on les envoie alors à l’école où, assis par terre, ils répètent leur leçon à haute voix, tous à la fois ; on leur apprend à écrire le souahéli sur des tablettes de bois, avec des roseaux ou des bambous taillés et une encre faite de noir de fumée ; quand les tablettes sont couvertes, on les racle. Lorsqu’un enfant sait lire le Coran, écrire le souahéli et compter, son éducation est parfaite.

Celui qui doit apprendre un métier fait son apprentissage chez un maître ouvrier. En fait de métiers, on ne rencontre dans les Comores que des charpentiers, maçons, bijoutiers, forgerons, tailleurs, savetiers