Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/134

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Comme à Moroni, la terre est couverte de pierres calcinées ; mais tout ce qui y pousse vient avec tant de vigueur, que, malgré la chaleur et l’absence totale d’eau, l’ombre épaisse des arbres fournit à la terre un abri suffisant pour y entretenir de l’humidité. Le grand nombre de bananiers, de citronniers, d’arbres et de fruits de tout espèce, la fraîcheur qu’on respire en plein midi au milieu d’une belle verdure, tout contribue à donner à ces lieux l’apparence d’un vaste jardin et un aspect charmant. Nul doute que, si les habitants étaient moins paresseux, ils obtiendraient là de belles récoltes qui, en café surtout, pourraient être très considérables, car la terre ne peut être qu’excellente pour cette culture ; mais ils se contentent de quelques patates, de cocos et de bananes qui viennent en quantité ; ils n’ont pas d’autre nourriture ni d’autre boisson. Il est surprenant qu’avec un pareil régime, on puisse avoir une si belle constitution ; car, sans parler des femmes, qui restent enfermées, les hommes sont tous d’une stature colossale, et d’une force herculéenne. Est-ce à la salubrité du pays qu’il faut attribuer cela ou à la beauté de la race elle-même ? Mais si c’est à cette dernière cause, comment les naturels de Hinzouan et de Mouéli, qui prétendent à la même origine, ne sont-ils pas ainsi ? Et comment les animaux mêmes participent-ils à cet état prospère ? Nous fîmes aussi une visite au premier chef qui est le personnage le plus riche de la ville ; sa case offrait plus de commodité, plus de propreté que les autres,