Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/135

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et il y avait dans son arrangement beaucoup plus de recherche. En la parcourant des yeux, nous fûmes surpris de voir qu’un fusil, mis en évidence, et qu’il dit être le sien, fut un ancien fusil à mèche, hors d’état de servir ; nos réflexions firent impression sur lui, et il s’attacha à nous persuader qu’il en avait d’autres à sa disposition ; mais comme il ne les montrait pas, et pour cause, nous restâmes plus que jamais convaincus de la rareté de ces armes dans le pays, où nous n’en rencontrâmes que fort peu. Il n’en faut pas conclure que les habitants du pays soient plus pacifiques ; au contraire, leur manie, ou le besoin de faire et de défaire continuellement leurs sultans, les maintient en état d’hostilité permanente les uns contre les autres ; mais ils se servent du sabre ou lancent des quartiers de roche. Avec de pareilles armes, on concevra quels doivent être l’avantage et la supériorité des Malgaches sur eux, puisque ceux-ci, faisant usage de fusils, dont ils se servent fort bien, arrivent tous bien armés. Aussi ces colosses de Comore, sans courage, d’ailleurs, n’avaient-ils aucune confiance ni dans leur force ni dans leurs bonnes murailles, et s’empressaient-ils de prendre la fuite en abandonnant tout à la discrétion de l’ennemi. Après être restés à Moutchamioli assez de temps pour tout voir, et nous faire bien venir de tout le monde, nous prîmes, le second jour, congé de Moinanaon, et nous montâmes sur le boutre pour repartir avec le sultan. Il restait encore à voir Iconi, dépendance de Moroni, et éloignée d’environ trois ou quatre milles