Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une punition exemplaire ; se retirer, en s’essuyant la joue, même pour revenir plus tard, nous eût couverts de honte et complètement discrédités aux yeux des Malgaches et des Arabes qui n’ont certes pas une très haute idée de la France depuis nos échecs à Madagascar. Restait, il est vrai, la probabilité d’un désaveu, et c’était bien sur cette hésitation qu’avaient compté la reine et ses conseillers ; mais, lorsqu’il s’agit de l’honneur de son pays, un homme de cœur n’hésite pas à compromettre son intérêt personnel ; M. Empis écrivit sur le champ à la reine une lette, à la fois conciliante et ferme, dans laquelle il lui faisait comprendre la gravité de sa conduite, lui rappelait la bienveillance dont le gouvernement français l’avait toujours entourée, et la priait de réparer son outrage ; mais en même temps il la prévenait que si, le lendemain, à six heures du matin, il n’avait pas reçu une réponse satisfaisante, les deux navires ouvriraient le feu sur Fomboni. Le reste de la journée fut employé à faire officieusement entendre raison à Djombé par des Arabes qui nous étaient dévoués ; tout fut inutile. Pendant ce temps, les soldats de la reine couraient sur la plage et les contingents arrivaient de tous les points de l’île ; ces forces réunies se montaient à environ cent cinquante hommes, armés de fusils, et six cents ou sept cents avec des sagaïes. Au milieu de la nuit, un coup de canon partit de la place ; on crut d’abord que c’était le commencement des hostilités ; mais ce n’était qu’un signal ; le tam-tam de guerre commença à battre ; la garnison prenait ses postes. A quatre heures M. Lambert se rendit à son habitation pour mettre en sûreté ses objets les