Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/166

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Tous les conseils, toutes les remontrances furent inutiles ; le commandant Empis vint à Mayotte rendre compte de la situation au colonel Colomb, commandant supérieur ; il fut décidé que l’Indre et l’aviso de La Bourdonnais se rendraient à Mohéli avec une lettre du commandant de Mayotte pour la reine, qu’ils exigeraient la loyale exécution du traité passé avec un de nos nationaux, mais qu’ils éviteraient l’emploi de la force. Les deux navires partirent, au milieu des fanfaronnades des Arabes qui disaient tout haut qu’ils seraient coulés s’ils osaient approcher de Fombone. Arrivée à Fomboni, l’Indre salua la reine de vingt-et-un coups de canon ; le fort rendit le salut, coup pour coup, avec ses vingt-et-une pièces. Le commandant Empis envoya auprès de la reine M. Pompon, lieutenant de vaisseau, porteur de la lettre du commandant supérieur de Mayotte. Djombé ne voulut pas recevoir la lettre ; elle déclara qu’elle ne reconnaissait plus le traité qu’elle avait passé avec M. Lambert et, sans le moindre motif, fit jeter M. Pompon à la porte du palais par ses esclaves, en présence de l’agent de Zanzibar et des chefs mohéliens. En même temps, elle fit battre le tam-tam de guerre et fermer les portes de la ville. Il était impossible de laisser passer une pareille insulte et de tolérer une semblable attitude ; dans ses instructions, le commandant supérieur de Mayotte, qui avait cru qu’une lettre de lui à la "petite reine" arrangeait toutes les difficultés, n’avait certes pas prévu ce qui arrivait ; il fallait obtenir immédiatement de la reine une réparation volontaire, ou lui infliger