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Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/179

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très élevé, avec moustiquaire, deux canapés couverts de jolies nattes, des tabourets de bois, formaient l’ameublement. Un coran garni de sinets était posé dans un coin, sur un pupitre élevé, à côté de deux narghilés. Au mur, deux grandes glaces, trois sabres, un fusil à deux coups, un revolver américain, deux réflecteurs à facettes de diverses couleurs ; au plafond, trois lampes de verre, accrochées avec des chaînes de cuivre, complétaient la décoration de cet appartement imprégné d’une odeur vague de rose, de sandal, de musc et de benjoin, compliquée de la puanteur particulière à l’huile de cocos, d’une odeur de cuisine trop appréciable, et de cette senteur indéfinissable qu’on appelle le renfermé ; car jamais un rayon de soleil ou un courant d’air n’en renouvelle l’atmosphère ; et rien ne se perd des émanations qui y sont produites. Malgré la température étouffante du dehors, il y régnait, d’ailleurs, une notable fraîcheur. En faisant l’inventaire du mobilier, j’avais remarqué autour du ciel de lit, une rangée de petites pendeloques de cuivre très brillantes, dont la forme m’avait surpris ; je m’en approchai et je reconnus….. une guirlande de médailles de la Sainte-Vierge ! J’eus beau félicité le digne Mohamed, ancien pèlerin de la Mecque, et un des plus rigides Mahométans des Comores, des bons symptômes qu’annonçait, pour sa conversion, la présence dans sa maison d’objets aussi vénérés des chrétiens, il resta plongé dans une profonde mélancolie dès qu’il connut tout le prix de sa garniture de lit ; et je crains bien qu’après notre départ il n’en ait changé la destination. Au fond de ce salon, seule pièce ouverte aux visiteurs,